13 avril
Nous quittons la partie sud du pays pour remonter et revoir la mer que nous n’avons pas senti depuis un mois. Eh oui, quand on naît proche de la mer, c’est d’abord le nez, l’iode, le sel, une odeur forte que reconnaît dès l’approche d’une côte.
Luderitz est une étape qui ne nous laissera pas un souvenir impérissable mais un bon restaurant de poissons et fruits de mer compense.
Nous reprenons la piste sur 130 kilomètres. Du gravier, du sable, de la caillasse, il faut que je dégonfle les pneus du 4x4 pour que ce soit plus confortable et que l’on soit moins secoués. On apprend chaque jour à chaque rencontre, comment se comporter sur les pistes, les pneus, la vitesse à ne pas dépasser, la vigilance par aux animaux sauvages qui peuvent traverser à tous moments.
Autre chose de remarquable, l’hygrométrie. Chez nous, et suivant les régions de France, le taux d’humidité varie entre 60 et 85%. Dans le désert, ce taux descend à environ 20% alors tout sèche très rapidement; la nourriture, les vêtements et surtout le nez ! Ça fait presque mal cet air qui pénètre les narines tellement c’est sec!
Nous avons décidé d’annuler les quelques réservations prises à l’avance car en progressant et en écoutant les conseils de personnes rencontrées on peut passer par ici ou là car les paysages seront plus beaux mais les pistes pas forcément plus faciles mais……et puis inutile de réserver en cette saison car il y a de la place dans tous les campings. Sauf, bien sûr, dans le premier que nous choisissons qui affiche complet; on ne rit pas !!!
Bref, 130 kilomètres de piste en pour trouver l’endroit idéal où il ne reste que deux places. Super ! Pas d’électricité en réseau mais de l’éolien et du solaire, juste ce qu’il faut pour recharger le portable et la tablette avec en prime, une petite piscine bien fraîche, limite froide mais nous sommes à 1400 mètres d’altitude tout de même !
Les journées sont chaudes à environ 30 degrés mais la nuit c’est frisquet, ceci explique cela ! Je marche une heure et demi après 16h quand le soleil tape moins. Végétation courte et sèche, caillasse et montagne environnante. Il n’y rien à part quelques insectes, pas de serpent ou scorpion possibles dans cet environnement. Un souffle d’air de temps en temps et cette beauté brute qui mérite à elle seule mon attention.
Avec Catherine on se demande parfois quel jour est on ? L’interrogation reste suspendue le temps de regarder sur le portable, la réponse. J’adore ça ! Je me sens vide de toute contrainte et ne demande qu’à me remplir de cet environnement incroyable. Je savais que ça existait et maintenant je le vis au quotidien en toute liberté.
17 avril
Nouvelle étape un peu plus au nord, encore dans un endroit, après Deux heures et demi de piste, complètement isolé du monde mais c’est un choix délibéré car la piste c’est fatiguant et demande beaucoup d’attention mais comme nous avons le temps, nous le prenons afin de ne pas gâcher ce beau voyage.
Et puis il faut gérer l’essence, le ravitaillement en vivres car en plein désert, pas de supermarché à tous carrefours ( jeu de mot !)
Habitués des voyages au long cours, nous connaissons les contraintes mais j’avoue que le fait d’aborder un désert nous impose une réflexion différente de la gestion du quotidien.
Quand le supermarché d’une ville importante (il y en a 4 dans tout le pays !)nous donne accès aux fruits, légumes, viandes, laitages et pain ;les petites supérettes de brousse se limitent à riz, pâtes, thé, café soluble, ships et quelques produits surgelés, il faut savoir sortir de son quotidien de petit français ! C’est également ce qui fait l’intérêt d’un tel voyage qui nous permet de nous remettre en question et d’aborder les problèmes avec plus de relativité. Et en prime, là d’où j’écris, pas de réseau donc pas de portable, la vraie vie quoi !
Pour vous aider à mieux comprendre la beauté des paysages que nous traversons, voici deux références cinématographiques assez parlantes. Dans le sud de la Namibie c’était plutôt « Bagdad café » et au centre, où nous sommes actuellement, c’est « Out of Africa ».
Caillasse, Colorado dans le bas et savane montagne au milieu .
Il faut que je parle aussi de ces nids d’oiseaux absolument incroyables que l’on observe le long des pistes. Ce sont des moineaux comme ceux de chez nous avec un cou un peu plus long et un ramage gris clair. Ils commencent par petit nid en couple, pour finalement réussir à bâtir une HLM toute en paille, formant ainsi une communauté pouvant accueillir 500 oiseaux. L’esprit d’équipe probablement nécessaire pour se protéger des prédateurs plutôt nombreux dans ces contrées sauvages !
21 avril
Encore un changement de décor depuis 3 jours. Le désert de Namib (plus vieux au monde) nous accueille dans sa partie la plus dunaire. Mais quelles dunes ! Sur 60 kilomètres de route bitumée (ça fait du bien !) nous traversons, ce qui doit être à la base un lit d’une rivière asséchée très large. De chaque côté, des formations de sable où le blanc gris, le beige et toutes les nuances allant jusqu’à un rouge brique presque fatiguant tant le regard est attiré de toutes parts. Le vent s’amuse ici à donner des formes bizarres allant d’une crête longue jusqu’à l’allure d’un cratère volcanique car la différence de hauteur et l’espace entre chaque dune provoque un rivolin (espèce de tourbillon crée par le rebond d’une surface sur une autre).
On arpente, on monte la dune de sable rouge. Le vertige me prend ! Oui je subit cette phobie et le fait de grimper une arête de sable à peine large de 60 centimètres avec un vide en pente raide à droite et à gauche me fait perdre mes moyens dans un demi tour obligé avec tout de même le regret de pas avoir pu atteindre le sommet que Catherine a vaincu !
Je m’incline et redescends en m’amusant à contourner l’obstacle par le bas où j’ai droit malgré tout au spectacle tout en couleurs de cette lumière qui joue avec le sable.
Au camping de brousse on suffoque. 40 degrés à l’ombre. Heureusement que la petite piscine presque glaciale nous redonne du tonus !
Instants magiques d’une rare intensité !!!