Vendredi 1er mars
Les autruches d’accord, mais l’attrait principal de ce coin, c’est le « Swartberg pass »; le col du mont noir en traduction littérale.
L’ascension et la descente côté Nord de ce col n’a, au premier abord, absolument rien de noir. On démarre de la plaine plutôt verdoyante de quelques champs d’oliviers et de palmiers yucca ou aloès, on ne sait pas trop vu que l’on n’en connaît pas le nom.
La route bitumée s’arrête tout à coup pour laisser place à une piste, certes carrossable, mais qui fut creusée dans la roche, par l’homme durant 7 ans au cours du 19 ème siècle et sur 25 kilomètres, pour un passage au col à pratiquement 1600 mètres. Je commence à mieux comprendre ou interpréter le terme « Noir »
L’ascension est lente, pentue par endroits et formée de lacets ardus à négocier sur cette piste de gravier grossier. La descente est encore plus vertigineuse et la roche rose ocre est formée de plis, comme une mer ondulante donnant une apparence d’une houle perturbante. La végétation est courte, épineuse malgré quelques arbustes aux fleurs en calice d’un jaune et rose fuchsia éclatant.
Juste après une courbe, un canyon profond envoie cette impression de vertige déséquilibrant de beauté. On termine la descente dans une gorge oasis où une rivière essaye de rafraîchir le tableau de son maigre filet d’eau, entourée de quelques majestueux eucalyptus au tronc couleur ivoire délavé, avec en toile de fond un surplomb rocheux qui paraît menaçant, semblant démontrer que nous ne sommes décidément pas grand chose et que l’humilité est de mise.
Un restaurant,conseillé par notre hôte du moment,nous remet en phase avec notre réalité de terrien bon vivant et l’autruche se retrouve à l’honneur dans l’assiette, pour notre plus grand plaisir.
On reprend notre route vers l’Est le lendemain matin. 4OO kilomètres de paysages arides et montagneux, avec des portions de route en béton de 80 kilomètres sur une seule voie. On ne croise pas grand monde dans ces contrées reculées mais c’est tout de même perturbant ce genre de route où doit rouler à gauche tout en restant au milieu de la chaussée. Sur ces 80 bornes on a peut être croisé 10 voitures et à chaque fois, on dégage sur son bout de piste, le temps d’un signe de la main ou d’un appel de phare. On pense à l’Australie dans ces moments là.
Je vous promets que tout ce qui est désertique est extrêmement reposant.
Nous rejoignons un endroit perdu dans des hectares de culture d’agrumes, le long d’une rivière. L’atmosphère change, les oiseaux chantent autrement, les insectes fredonnent des chants plus africains.
Demain, j’ai rendez-vous avec mon animal préféré.
Lundi 4 mars
Nous Logeons à 40 minutes d’ Addo Elephant National Park, notre premier parc animalier du voyage et non des moindres puisque c’est le 3 ème plus important du continent africain.
L’expérience avec les éléphants en Thaïlande en 2015 m’a profondément marquée. Nous avions eu la chance de fréquenter durant 2 jours, ces pachydermes si élégants, au regard expressif et doux.
Nous avons vécu un moment sympathique avec ces animaux au Sri Lanka mais dans un contexte différent car ils étaient à l’état sauvage tandis qu’en Thaïlande, ils avaient travaillé avec l’homme et nous pouvions avoir alors, un contact tactile inoubliable.
Ici, c’est notre première rencontre avec l’éléphant d’Afrique, plus imposant en taille de corps et d’oreilles.
L’entrée du parc vers 10 h du matin fut plutôt calme en observation animale .
Un singe, une paire de phacochères vilains à souhait et plus loin les premiers zèbres nonchalants malgré une température clémente autour de 25 degrés. Un hibou perdu, le long de la piste me regarde d’un œil couleur or apeuré alors qu'un beau rapace me nargue du haut de son perchoir.
On progresse doucement sur ce gravier chaotique limité à 40 km/h mais si l’on veut prendre le temps de fouiller du regard à droite et à gauche, on ne dépasse guère les 10 km/h.
C’est au tour des gazelles, fines, élégantes et aux cornes presque aiguisées de nous laisser passer sans presque un regard ou limite dédaigneux.
Le temps passe assez rapidement malgré tout mais il faudra attendre le tout début d’après midi, où les heures se font plus chaudes, pour enfin sentir (l’éléphant a du parfum) et voir ceux que j’attendais.
Ils sont une demi douzaine à patauger, s’abreuver, s’arroser d’eau et de boue autour de ce point d’eau. On remarque immédiatement le mâle dominant. Par la taille bien sûr, mais surtout par la façon qu’il a d’occuper le plan d’eau en maître. Moi d’abord et veuillez attendre votre tour.
Non mais, c’est qui le patron ?
Nous sommes derrière une palissade en planches percée de rectangles d’observation.
Plus nous avançons vers sortie du parc, plus les points d’eau se multiplient et là, pas de protections.
Nous sommes au plus près des troupeaux où éléphants, zèbres et phacochères se côtoient en respectant bien sûr la hiérarchie du plus balaise pour l’accès au plan d’eau.
Seuls les phacochères espiègles et rapides se faufilent entre les énormes pattes pachydermiques, se coursant comme des gamins dans une cour d’école.
La voiture, garée en bord de piste semble énerver un mâle dominant qui désire traverser le chemin.
Les oreilles de l’animal battent plus fort (pas bon signe), il faut alors s’avancer un peu plus et très lentement car nous sommes sur son territoire et nous gênons. Voyant notre mouvement, il se calme et emmène paisiblement sa petite famille à travers la steppe broussailleuse, nous laissant avec ce frisson qui nous fait penser que l’on a bien agi mais qu’on a eu chaud à nos miches quand même……
Encore un dernier point d’eau avec beaucoup d’éléphants avant la sortie du parc et voilà une journée bien remplie où j’ai pu retrouver mon animal préféré mais je changerai peut être d’avis lors de ma première rencontre avec le roi lion, qui sait ???
Edouard : ca fait rêver, une telle concentration d'animaux en liberté
RépondreSupprimerEn regardant vos photos, j'ai l'impression d'être au Gabon ou Cameroun, dans la Landrover, le broussard, l'hélicoptère, ...
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