Lundi 18 mars
Bon anniversaire à ma petite maman qui a aujourd’hui 89 printemps. Bon pied c’est pas sûr mais bon œil c’est certain !
Nous sommes donc entrés au Lesotho avant hier, sans problème particulier ou de longue attente à la frontière. Par contre , la route pour y arriver était défoncée de nids de poules que l’on peut qualifié, sans exagérer, de nids de dindons.
Une nuit à Maseru, la capitale qui ressemble plus à un énorme village qu’à une métropole mais cette enclave dans l’Afrique du Sud n’est pas plus grande que la Belgique pour seulement 2 millions d’habitants. Nous sommes en Afrique, la vraie, l’authentique !
Sortis de cette ville, on attaque la montagne. C’est rude, genre steppe mongole avec juste quelques arbres de temps en temps.
Ici, on se déplace à pied mais surtout à cheval et on s’aide de mulets pour transporter des victuailles ou du matériel jusqu’au village où l’on réside et ce sont des heures de déplacement dans des paysages d’une beauté incroyable et d’une dureté sans nom. On a croisé ces gens, à cheval, à pied ou à dos d’âne et qui nous font signe et avec un sourire, pour la plupart, alors que nous marchons 3 heures dans ces mêmes paysages, pour admirer une splendide cascade de 200 mètres, qu’eux ne regardent même plus. Et pourtant, quand vous marchez sur les chemins à mules de cette steppe jaune pâle cramée et que surgit une énorme crevasse, gorge abyssale où cette eau de montagne a trouvé l’endroit pour sauter dans le vide, vous restez baba devant le spectacle de la nature, tableau vivant d’un sculpteur inconnu mais génial !
Nous sommes comme eux, nous avons tous de belles choses à voir tout près de chez nous, mais l’habitude fait que l’on oublie, que l’on n’y pense même plus.
La modernité a également son chemin jusqu’ici car les téléphones portables ne sont pas rares. Le paradoxe est saisissant dans ce bout d’Afrique perdue mais c’est ainsi mais nous découvrons surtout moins de misère qu’en Afrique du Sud. Pour preuve, en ce mardi 19 mars, dans l’après midi, on se prépare pour une sortie à cheval dans la montagne. Catherine abandonne par peur du bidet et je continue avec un jeune guide qui m’emmène durant plus de 2 heures dans cette steppe que j’ai déjà présenté.
Je ne suis jamais monté sur un cheval ! Mon guide me montre les gestes primaires à adopter et le début s’avère assez sympa. Je lui avait demandé, si possible, de me conduire vers des gens afin de mieux comprendre leur quotidien. Il a bien assimilé ma demande et mon « rendez-vous en terre inconnue » commence !
Nous abordons une dame de 85 ans qui est occupée à préparer le pain pour ses 3 petits enfants, dans une espèce de four en plein air couvert de tôle ondulée. Tout se fait au feu de bois bien sûr ! Le guide m’explique que la solidarité est encore présente et nécessaire dans ce pays mais que la modernité ou calamité du chacun pour soi prend doucement le dessus. Comme chez nous !
Je pose des questions que mon guide traduit et je constate immédiatement la sincérité des réponses qui n’ont eu besoin que de quelques dixièmes de secondes en réflexion. Demander à des enfants de 7 à 10 ans si ils sont heureux et voir de suite leur sourire, sans un mot utile à justification.
Ma journée est belle ! Nul besoin de les photographier ou filmer, leur témoignage suffit à mon bonheur.
Idem pour ces 3 dames qui glanent des épis de seigle pour la solidarité communautaire et à qui je pose la même question pour finalement avoir les mêmes sourires voire rires entendus.
J’ai pris une leçon, une fois n’est pas coutume, d’humilité et simplicité qui font aimer la vie et la façon que j’ai de vouloir partager !
Pour nous situer, nous sommes pratiquement au milieu du pays; à Semonkong, pour les curieux qui veulent voir sur une carte du Lesotho.
L’avant dernier soir, nous voyons arriver un camion ou plutôt un appartement sur roue, un morceau !
J’entends parler français donc la curiosité l’emporte et nous faisons connaissance de Dorothée, Guillaume, Gustave et Edgard. Un couple, deux enfants qui ont pris la route avec leur engin, après avoir tout abandonné il y a 2 ans et demi et l’Afrique est leur logement mouvant depuis ce temps. On partage, on échange avec suffisamment de temps (jamais assez de temps pour raconter ses expériences de voyage) et puis nous reprenons la route pour rejoindre à nouveau l’Afrique du Sud.
Nous restons toutefois proche de la frontière du Lesotho qui laisse des traces dans la mémoire et les paysages qui nous entourent non rien à envier aux décors de western du Colorado américain..
Traverser un village ou une terre africaine est un plaisir de vie, d’odeurs, de couleurs accompagnées de sourires et de petits signe de main adorables. Pourvu que ça dure !!!
Demain, samedi 23 mars, nous reprenons la route vers le Nord direction le Swaziland ou Eswatini en langue locale. À très bientôt donc pour la suite du voyage !